Texte de Miguel Piccand, Photo de couverture Coralie Delval
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Après les analyses sur les maux fribourgeois, puis genevois, changement radical dans cette chronique… Bienvenue à Lausanne où la vie est belle, la majorité des gens sont heureux et… l’équipe locale de hockey gagne régulièrement et est spectaculaire. Lausanne pointe au 3e rang de ce championnat de National League.
Petit retour en arrière. Petr Svoboda est écarté de ses fonctions sportives le 4 novembre 2022 et cède ses parts du club vaudois le 9 janvier 2023. Lausanne, lors de cet évènement en novembre, pointe au… dernier rang du championnat – avec John Fust à la bande – et a dépensé une fortune pour sa 1re équipe, en donnant notamment des contrats hallucinants – en termes de durées et financiers– à des joueurs «assez bons ailleurs» comme Ronalds Kenins ou Michael Hügli. Le LHC donne vraiment l’impression de foncer droit dans le mur. La rocade est à ce moment-là étonnante, car Fust devient… le chef au lieu d’être licencié ! En effet, l’ancien Directeur des opérations hockey Svoboda est écarté de la pyramide sportive et Fust, pas convaincant comme coach à la vue des résultats, prend le poste de Directeur Sportif.
Photo: Valérie Badan
Si la rocade peut faire sourire, Fust accomplit 2 jours plus tard probablement sa meilleure signature à ce jour : il trouve son nouvel entraîneur Geoff Ward, un homme champion de la Coupe Stanley en tant qu’entraîneur assistant des Boston Bruins en 2011 et champion d’Allemagne (comme coach principal) à Mannheim en 2015. Plus de 2 ans plus tard, Ward est toujours en place, Fust aussi, et l’équipe – qui reste sur une finale du championnat perdue en 7 matchs – a du succès.
D’ailleurs on se rappelle qu’un remue-ménage assez général au niveau des joueurs étrangers avait été effectué au moment de débuter cette nouvelle saison. Un peu étonnant bien sûr après l’excellente 3e place de la dernière saison régulière. Derrière, Christian Djoos et Lawrence Pilut (malgré lui) ne jouent pas pour Lausanne cette saison et ont laissé place à David Sklenicka et Gavin Bayreuther. Devant, un trio de Finlandais nommés Ahti Oksanen, Janne Kuokkanen et Lauri Pajuniemi, a été signé pour rejoindre leur excellent compatriote Antti Suomela, seul rescapé avec Michael Raffl du navire 2023/24 échoué en finale du côté de Zurich, si proche de la ligne d'arrivée. Les hommes remplacés furent Miikka Salomäki (Prague, Extraliga), Jiri Sekac (Lugano) et Robin Kovacs (Linköping, SHL). Non, rien à dire, John Fust ne s’est pas planté au moment de changer les étrangers qui devaient l’être (Pilut inclus), et ça se voit aux résultats. Mais il y a un point qui a beaucoup changé, dans le sens positif, c’est le jeu de puissance… !
Photo: Anthony Fedrigo
Nous revenions la semaine passée en parlant du GSHC justement sur le fait que d’apercevoir les Lions vaudois dans les meilleurs power-play de la ligue, c’était quelque chose… d’inattendu, pour rester poli. Et pour cause, nous vous présentons les statistiques en jeu de puissance des dernières saisons dans le tableau ci-dessous. Non, ne parlons pas de problème chronique quand même.
Saison | % d’efficacité en PP en saison rég. | Leaders du PP (points) | Coach |
2018/19 | 19,8% | Dustin Jeffrey, Jonas Junland, Joël Vermin | Ville Peltonen |
2019/20 | 16.9% | Joël Genazzi, Yannick Herren | Craig MacTavish |
2020/21 | 15,6% | Charles Hudon, Joël Genazzi | Craig MacTavish |
2021/22 | 17,9% | Martin Gernat, Joël Genazzi | John Fust |
2022/23 | 16,6% | Jiri Sekac, Martin Gernat | John Fust et Geoff Ward |
2023/24 | 15,5% | Christian Djoos, Damien Riat, Antti Suomela | Geoff Ward |
2024/25 | 30,0% | Antti Suomela, Ken Jäger | Geoff Ward |
Une chose que tout le monde a remarqué par rapport au jeu de puissance du LHC, c'est que le club a 2 quintettes de supériorité numérique de valeurs plus ou moins égales. Le premier est – sauf blessure – souvent composé de Gavin Bayreuther à la ligne bleue, avec Ken Jäger, Ahti Oksanen, Damien Riat et Antti Suomela. Le «second» c'est David Sklenicka derrière, avec Janne Kuokkanen, Théo Rochette, Lauri Pajuniemi et Jason Fuchs. Comparons sur le «shot map» offensif de cette saison en power-play (96 minutes au total) avec les 96 premières minutes de power-play de la saison précédente, 2023/24.
On remarque que l'activité en power-play de cette saison se passe beaucoup plus dans l'enclave , alors que la tendance était plutôt de tirer en dehors de l'enclave en 2023/24, surtout sur la gauche du gardien adverse. Il y a eu 18 buts marqués avec le shot map de cette année, contre seulement 7 avec celui de 2023/24 alors qu'il y avait encore plus de chances prises (le Fenwich For, soit les tirs pris et non bloqués, était à 152 contre 141 cette année). Il n'y a pas de secret, le plus proche vous tirez sur le but adverse, le plus de chances vous avez de marquer. D'ailleurs, selon le site de NLIcedata.com, la distance du Corsi For moyen (chances prises en considérant tous les tirs) est de 9,5 mètres cette saison, contre 10,1 mètres la saison passée. 60 centimètres de différence, ça paraît peu, mais ça fait une grande différence. Les Lions, vu qu'ils sont aidés par le fait d'être un peu plus près de la cage adverse, sont aussi plus précis: 64,5% des tirs sont cadrés, contre 59,7% en 2023/24.
Pour revenir à une mensuration par la distance, et c'est peut-être la «stat» la plus significative, la distance moyenne au LHC entre le tir et le but adverse d'une réussite en jeu de puissance cette saison est de seulement 5,1 mètres. C'était… 1,1 mètre de plus 12 mois plus tôt avec une moyenne de 6,2 mètres. Les hommes de Ward vont plus se faire mal proche du gardien adverse et ça se voit dans les chiffres. Même si ces chiffres sont difficilement «tenables» sur le long terme, ça nous paraissait important de mettre ces différences en lumière.
Comme quoi, tout peut changer, aussi à Lausanne. Et on tenait à le saluer.
Miguel Piccand est un spécialiste travaillant dans le monde du hockey pour divers médias suisses depuis 2016. Il occupe différents rôles: Consultant en direct, Commentateur et Rédacteur.
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