Texte de Miguel Piccand
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On le sait, Genève-Servette a eu un début de calendrier bien calme cette saison en cumulant 8 rencontres à l’extérieur en début de saison. Tout le monde ou presque s’est dit – à la vue du côté qualitatif du contingent des Aigles – au sujet du début de saison faible en points que «C’est normal, ils commencent la saison à l’extérieur», «Tu verras quand Genève jouera 2 matchs sur 3 à domicile chaque semaine» ou encore «Genève n’est pas incroyable en ce début de CHL, mais c’est normal car ils mettent la priorité sur le championnat». Vous l’aurez compris, on veut arriver à la conclusion que les Grenats sont (beaucoup) moins bons qu’attendus en termes comptables.
En effet, avec seulement 22 points récoltés en 17 rencontres, Genève pointe au classement point(s) par match (pour rendre les choses équitables avec les autres clubs) à la 11e position, très légèrement devant FR Gottéron 12e, Ambrì-Piotta 13e et enfin Ajoie. On ne va pas faire d’analyse de projection statistique trop poussée, mais on sait que pour se qualifier directement dans le Top 6 en National League, il faut faire approximativement du 1,60 point par match. Il avait fallu 1,58 point par partie jouée à Zoug en 2022/23 et 1,64 au HC Davos la saison passée. Cela projette donc à un total d’environ 83 points en 52 matchs. Avec ses 22 unités récoltées en 17 matchs, Genève doit mettre au chaud 61 points sur ses 35 parties restantes (ce qui signifie 1,74 point par match) afin de compenser son début de saison raté. On le sait, tout va très vite en hockey sur glace, et d’ailleurs le début de saison ne paraissait pas raté le 19 octobre dernier alors que Servette signait pour la 2e fois de l’exercice deux victoires à la suite. Mais voilà, depuis cette date, les hommes de Jan Cadieux se sont inclinés 6 fois sur 7, parvenant uniquement à battre le très faible Lugano le 1er novembre au Tessin.
Photo: Pierre Meillard
Le dernier match perdu à domicile contre une équipe de Kloten n’offrant aucune résistance en infériorité numérique ou presque, qui avait permis à Genève de mener 3:1 à la 16e minute avant d’encaisser 3 buts en 12’46’’ de jeu (tous à forces égales), n’a fait que souligner les doutes au sujet de l’état de forme actuel des Servettiens.
Et pourtant, les statistiques au sujet des buts inscrits et reçus ne sont pas si mauvaises que cela. Genève a la 7e défense (à égalité avec 2 autres clubs) de National League avec 2,8 buts reçus par match et la 6e attaque (aussi à égalité avec deux formations) avec un chiffre de 2,7. En power-play, comme on peut s’en douter avec de tels étrangers, GE Servette est absolument excellent avec 30,6% de réussite, ce qui est astronomique mais logique ! Uniquement Lausanne fait mieux à 31,6% (ça, c’est en revanche une grosse surprise en connaissant l’historique vaudois). Pire, les Aigles ont… le meilleur box-play de la ligue… ! Et largement, avec 89,6% d’efficacité. Mais qu’est-ce qui cloche alors, docteur ?
Sur la base de ces chiffres, on se dit qu’il vaut mieux regarder ce qui se passe à égalité numérique pour avoir un avis plus tranché sur la situation. Et c’est là qu’on découvre le poteau rose : Genève a marqué depuis le début de la saison à égalité numérique 29 buts et en a encaissés… 43 ! C’est un bilan de -14 (pire bilan de la ligue avec Ajoie) qui est assez énorme, surtout si on compare cela au ratio par match qui n’est que de 17. Cela signifie que Genève reçoit en moyenne un but de plus à forces à égales par match qu’il n’en marque. Le fameux PDO n’est pas extraordinaire, mais pas non plus alarmiste, Genève est à 99,7%, soit le 9e chiffre de la ligue.
En jetant un coup d’œil attentif aux «stats» individuelles à forces égales, on se rend compte que le trio finlandais Teemu Hartikainen – Sakari Manninen – Markus Granlund est excellent aussi à 5 contre 5, sans surprise. En revanche, et c’est très étonnant, Sami Vatanen est sur un bilan de – 2 buts (-1,9) reçus par 60 minutes de glace!
On sait Vatanen pas forcément au maximum de ses capacités depuis le début du championnat, mais ça reste un bilan… très surprenant pour celui que plusieurs considèrent comme le meilleur défenseur du championnat. Après avoir été aligné en permanence avec Tim Berni depuis le début de saison, il est passé avec Giancarlo Chanton depuis le début de novembre et les chiffres ne sont pas meilleurs.
Les autres supposés joueurs d'impact (ou décrits comme tel au moment de leur engagement) du contingent genevois qui sont à la peine dans cette statistique sont les suivants :
Bilan de but reçu par 60’ jouées à égalité numérique | |
Theodor Lennström | -0,8 |
Tanner Richard | -0,8 |
Simon Le Coultre | -0,8 |
Vincent Praplan | -1,1 |
Marco Miranda | -1,2 |
Alessio Bertaggia | -1,5 |
Il paraît clair que le réveil du dangereux prédateur volant passera par d’autres performances de ses trois meilleurs défenseurs, ainsi que par une prise de conscience générale. On le rappelle, la saison 2023/24 du GSHC en National League a été complètement ratée. Il serait donc inacceptable de réitérer l’expérience tout simplement car l’effectif des Aigles est suffisamment bon pour prétendre au titre ! Pas pour se débattre dans les fonds du classement à la recherche d’une place dans le Top 10. Rater le Top 6 serait d’ailleurs difficilement justifiable avec cet effectif.
Alors oui, les blessures s’accumulent mais n’expliquent de loin pas tout. Les nuits du staff technique (si maintenu) s’annoncent agitées jusqu’à Noël, en tout cas.
Photo de couverture: Pierre Maillard
Miguel Piccand est un spécialiste travaillant dans le monde du hockey pour divers médias suisses depuis 2016. Il occupe différents rôles: Consultant en direct, Commentateur et Rédacteur.
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