Texte de Miguel Piccand, Photo de couverture: Waltraud Blaurock & Andrea Branca
--
La saison régulière de National League 2024/25 vit ses dernières semaines. Le 1er mars prochain aux alentours de 22:00, on connaitra l’identité des 6 qualifiés directement pour les play-off et des 4 clubs qui devront batailler en play-in pour mériter leur place définitive. Eclairage sur les réalités romandes durant cette pause dédiée à l’équipe nationale pour lesquelles j'ai à chaque fois cherché deux arguments en leur faveur et défaveur en vue de leur (potentielle) participation aux séries. Avec 16 points de retard sur la 10e place, Ajoie n’est logiquement pas discuté.
Qui d'autre que le Lausanne Hockey Club chez les Romands pour bomber le torse? Déjà qualifié dans le Top 6, l'excellent élève lausannois a encore remporté 6 de ses 7 derniers matchs avant la pause. Mené par un 1er trio très efficace avec Damien Riat – Antti Suomela – Ahti Oksanen et un Kevin Pasche en état de grâce dans la cage, les Lions ont des arguments à faire valoir avec une très belle profondeur d'effectif. Les Vaudois semblent déterminés à finir la saison régulière le plus haut possible, probablement aussi en raison du souvenir de cette finale 2024 – face à Zurich – où l'équipe à domicile s'est toujours imposée. Attention, il est rare que deux saisons se ressemblent en tout point. Ce n'est pas maintenant qu'il faut être au sommet de son art, car finir 1er ou 3e de saison régulière ne doit – en théorie – pas jouer un si grand rôle que ça.
+ La faim du groupe. Même si l'effectif a quand même beaucoup changé (surtout les étrangers) par rapport à 2023/24, les attentes sont claires après avoir échoué à la toute dernière marche l'an passé.
+ Le génie d'Antti Suomela. Le centre finlandais est un des meilleurs joueurs du championnat et semble être en mission cette année. Il est capable de rendre dangereux n'importe quel ailier à ses côtés.
- La surutilisation de Kevin Pasche. Il n'est pas un «vieux briscard» habitué à jouer autant de matchs à seulement 21 ans. Pourtant, il a joué 24 des… 26 dernières parties…! C'est énorme dans le hockey moderne et surtout… Est-ce vraiment nécessaire?
- Lausanne est attendu cette année après l'excellent parcours de 2024. Geoff Ward saura-t-il s'ajuster aux nouvelles tactiques de ses opposants?
Photo: Kevin Pasche
Photo credits: Unknown
Fribourg est impressionnant depuis la prise de pouvoir de Lars Leuenberger! Après le tournoi remporté de la Coupe Spengler et 10 victoires sur ses 14 derniers matchs en championnat mais à chaque fois avec au moins 1 point engrangé (!), l'entraîneur a complètement délivré ses hommes qui semblaient jouer avec les mains liées. Mais les play-off ont commencé plus tôt que prévus pour les Dragons, qui jouent avec le couteau sous la gorge depuis plusieurs semaines après une première moitié de championnat absolument catastrophique sous Patrick Emond. Cela pourrait aussi avoir son influence sur le long terme. Une chose est sûre, tout le monde a retrouvé le sourire à Fribourg et ce Dragon-là semble être capable de poser des problèmes à beaucoup d'équipes. Encore faut-il se qualifier dans le Top 6… Mais Kloten semble suivre la trajectoire inverse de Gottéron (4 défaites consécutives) et on demeure relativement confiant sur le fait que les Fribourgeois vont obtenir leur ticket directement pour les play-off.
+ L'esprit de groupe. Cet effectif a connu des hauts et des bas cette saison et quelque chose semble se passer depuis cette fameuse Coupe Spengler. On sait que Fribourg fonctionne à l'émotion et ce n'est pas à sous-estimer.
+ L'entente Lucas Wallmark – Marcus Sörensen. Les deux larrons semblent inarrêtables quand ils jouent de cette façon. J'ai volontairement écrit Wallmark en premier car il est pour moi le MVP de ce Gottéron 2024/25. Il fait absolument tout juste sur la glace.
- Comme déjà évoqué ci-haut, les forces physiques en présence. Fribourg fait un marathon cette saison avec CHL, Coupe Spengler et une remontada obligatoire en championnat. La profondeur d'effectif n'est vraiment pas dingue et ils pourraient potentiellement le payer sur le long terme…
- Reto Berra n'est pas impérial dans sa cage cette saison. Même en considérant uniquement la période de reprise de Fribourg (depuis le début janvier), son pourcentage d'arrêts ne décolle pas avec 91,0% sur cette période. Inquiétant avant les play-off ?
Photo: Lucas Wallmark
Photo credits: Andrea Branca
Comme Kloten, Bienne est à la peine avec 5 défaites sur ses 6 dernières sorties. Bienne encaisse peu mais marque très peu aussi (ce problème de stérilité offensive avait déjà été souligné dans ce papier en décembre et demeure relativement actuel. La situation est compliquée au classement également avec une 11e place (autant au nombre de points qu'à la moyenne point par match) avec 2 places pour le Top 10 à disputer entre 5 clubs: Ambrì-Piotta, Rapperswil, Bienne, Lugano et Genève. Bienne avait réussi à se qualifier en passant par les play-in en 2024 en battant d'abord les Servettiens dans le duel 9-10e, puis en éliminant le 8e, Ambrì-Piotta. Leur situation semble compromise mais pas non plus impossible. Mais quel est le vrai potentiel de ce HC Bienne? Est-ce qu'en cas de qualification pour les séries, ils pourraient vraiment faire trembler un des ténors du championnat? Cette saison, j'ai hélas tendance à répondre non à cette possibilité…
+ Encore et toujours Harri Säteri. Le mur finlandais de la Tissot Arena offre presque chaque soir une chance de gagner à sa formation et pourrait être l'homme clé de la fin de saison dans le Seeland.
+ Le retour en forme de plusieurs éléments du côté biennois. On pense évidemment à Lias Andersson (12 points en 13 matchs depuis le début de l'année), mais aussi à Fabio Hofer qui a connu une première moitié de championnat vraiment compliquée. Rodwin Dionicio doit apporter de la flexibilité au power-play.
- La forme à l'extérieur… Les hommes de Filander ont en effet perdu 11 de ses 12 derniers matchs hors de leurs terres. Dans ces conditions, c'est presque impossible de progresser au classement.
- Cette équipe semble manquer de caractère cette saison. L'absence du capitaine Gaëtan Haas depuis le 5 octobre fait sans doute partie de l'explication. C'est capital pour marquer des points dans les dernières semaines d'une saison compliquée.
Photo: Fabio Hofer
Photo credits: Waltraud Blaurock
La situation du côté genevois est assez inattendue. Je faisais partie des nombreux pronostiqueurs d'avant-saison qui voyaient Servette réagir après un exercice de NL 2023/24 très compliqué. Si la situation n'est pas encore complètement désespérée, elle est pour le moins inquiétante avec 7 points de retard et 1 match de moins sur la 10e place. Et encore plus avec les deux concurrents tessinois (Lugano 12e et Ambrì-Piotta 9e) qui progressent depuis quelques semaines. Depuis le changement d'entraîneur principal survenu le 28 décembre dernier, l'équipe réussit à faire 1,00 point par match, alors que c'était 1,34 avec Jan Cadieux jusqu'à cette date où tout le monde pensait que ce n'était pas possible d'avoir un pire rendu que cela. Pourtant, Yorick Treille a été prolongé… On ne parle même pas de l'affront subi contre les Zurich Lions en demi-finale de la CHL. Le problème dans cette équipe semble profond et Jan Cadieux n'avait apparemment pas grand-chose à se reprocher sur les résultats. Qu'espérer du champion suisse 2023 et vainqueur de CHL 2024? Difficile à dire, leur saison est désormais entre les mains d'autres équipes… Incroyable, avec de tels étrangers.
+ Encore et toujours les étrangers des Aigles. Sakari Manninen, Teemu Hartikainen et Markus Granlund (si rétabli) font partie des meilleurs joueurs d'Europe. Le meilleur des viennent-ensuite est Vincent Praplan qui se démène comme il peut avec ses 23 points réalisés en 43 parties (0,53 point par match).
+ Ce n'est pas vraiment un argument positif, mais on se dit que cela ne peut plus être pire que ce qui a été vu ces derniers matchs… Non ? Si ?
- Le manque de profondeur et de caractère. Derrière le génie des Finlandais, il n'y a… pas grand-chose. Comme à Bienne l'absence du capitaine Noah Rod joue elle aussi un rôle dans ce constat.
- La tenue du jeu défensif. Symbolisée à elle seule par la saison catastrophique de Sami Vatanen (par rapport au potentiel du joueur), la défense genevoise fait peur à voir. La tendance négative perçue dans le jeu de Vatanen avait déjà été soulignée en décembre dans ce papier.
Photo: Sami Vatanen
Photo credits: Ivan Sokolov
![]() | Miguel Piccand est un spécialiste travaillant dans le monde du hockey pour divers médias suisses depuis 2016. Il occupe différents rôles: Consultant en direct, Commentateur et Rédacteur.
|