Signé Stéphane – Aigles ou canards ?

Le titre n’a rien à voir avec Genève-Servette. Il fait plutôt référence à la célèbre vidéo sur le leadership intitulée « Eagles and Ducks » au sein de laquelle les rois de la jérémiade sont associés à des canards et les leaders sont comparés à des aigles. Avec un clin d’œil pour trois joueurs qui ont récemment défrayé les manchettes.

Ceux qui connaissent la réalité d’un vestiaire de hockey savent qu’il existe des joueurs malheureux dans toutes les équipes. Des éléments plus ou moins silencieux qui soufflent leurs soucis émotionnels aux oreilles de ceux qui veulent bien les écouter.

Dans les mouvements juniors, ce mécontentement s’exprime souvent à travers les parents, ceux qui s’isolent dans les gradins en signe d’un détachement qui sonne faux. Ou pire, ceux qui tentent de rallier d’autres parents à leur cause pour former un clan de malheureux avec comme point en commun leur désaccord avec le coaching.

Ce sont des personnes qu’on pourrait qualifier de canards des patinoires. Des gens qui ont le chic de vous tracer un portrait magnifiquement négatif de la situation autour de leur équipe ou de leur club. Et qui critiqueront souvent la manière de faire, conférant ainsi un côté très subjectif à leur propos. Un grand classique.

Dans un vestiaire, les canards boiteux tentent souvent de contaminer leurs voisins. Face au risque de propagation du virus du malheur, les coaches n’imposent pas le masque, mais tentent de prévenir l’infection en isolant ces joueurs symptomatiques au milieu d’autres dont le système immunitaire est plus solide. C’est-à-dire ceux qui supportent la cause de l’équipe.

Les directeurs sportifs doivent eux aussi gérer ces « ducks » qui colportent malicieusement leur version de ce qui se trame dans le vestiaire. Des informateurs qui, une fois démasqués, se retrouvent rapidement sur le marché des transferts. Ceci parfois à la grande surprise des supporters, les clubs préférant garder le secret sur les « affaires internes ».

Le cas Robin Grossmann

Le vétéran défenseur a signé à Lausanne en 2018 parce que son contrat conjuguait argent et sécurité. L’entente approuvée par Jan Alston incluait entre autre ce qu’on appelle informellement une « prime de délocalisation » pour venir en Romandie. Une offre qui a d’ailleurs contribué à forger la réputation du LHC comme les rois de la surenchère, à ce moment-là.

Selon les dirigeants de l’époque, il s’agissait d’un passage obligé. « Lorsqu’on aura attiré quelques gros noms, il ne sera plus nécessaire de payer ce petit extra », disait-on dans les coulisses de Malley. Un raisonnement qui tenait la route, même si avec du recul, force est de constater que Robin Grossmann n’a jamais cassé trois pattes à un canard sur la glace. Son attitude parfois désinvolte, bien avant l’arrivée des nouveaux propriétaires, était même flagrante.

Signé Stéphane – Aigles ou canards ?

L’été dernier, le Canado-Suisse s’est permis de critiquer publiquement la direction du LHC. Il s’est attaqué à la « façon », en déplorant un environnement où règnerait l’insécurité. Des déclarations du reste peu appréciées par d’anciens coéquipiers. Une attitude aussi que le vétéran a sans doute pu se permettre en raison de son nouveau contrat béton à Bienne. Un « privilège » que d’autres malheureux à travers la ligue n’ont pas forcément.

​​​​​​​La saga Yannick Herren

Toujours sous contrat avec Fribourg, le pseudo spécialiste du power-play a rongé son frein un sacré moment avant d’être prêté gratuitement à Lugano en retour d’un joueur de seconde zone. En conflit ouvert avec Christian Dubé, Herren n’a pourtant jamais confié sa misère publiquement. Mais à l’interne, son attitude nonchalante de « coincoin » aurait dérangé sérieusement.

Loin d’avoir performé sur la glace lui aussi, Herren aura finalement obtenu tout ce qu’il voulait grâce à son comportement. Soit une chance de recommencer à neuf quelque part sans perdre un seul centime de son salaire conséquent. Une différence énorme avec Grossmann, qui aurait laissé pas mal d’argent sur la table pour quitter le LHC.  

Et si le fantôme Yannick Herren venait hanter Gottéron en playoffs ?

L’étrange histoire de Genazzi

Le renouvellement de contrat de l’ex-capitaine en a surpris plus d’un. Car Joël chuchotait son insatisfaction à qui voulait l’entendre depuis un certain temps. Le numéro 79 du LHC aurait d’ailleurs sondé le marché avant de rempiler pour 3 saisons avec les Lions. Une extension qui est survenue peu de temps après le fameux « Natel Gate », moment où sa frustration aurait atteint son paroxysme.

Mais le très respecté défenseur a avoué s’être comporté de manière inadéquate à l’occasion en raison notamment de son utilisation comme septième arrière. Des confessions publiques tout à l’honneur de l’athlète de 33 ans qui espère toujours être du voyage en Chine en février prochain.

Mais après avoir agi comme un rapace blessé et condamné au défilé terrestre des canards, Genazzi a su reprendre son envol de fort belle façon. Une preuve qu’il pourrait peut-être redevenir « l’aigle » qu’il a jadis été. Celui qui peut encore, lors de certains matchs, surplomber les débats et agir en leader.

Tout le contraire de monsieur Herren, qui n’a jamais été l’ombre d’un aiglon. Et de Robin Grossmann, qui ne sera plus jamais vu comme le prédateur d’altitude qu’il fut dans la troupe d’Arno Del Curto à Davos. Deux joueurs qui aiment probablement trop le calme douillet des eaux des lacs de Bienne et de Lugano.  

Bonne semaine à tous !
Stéphane